Date de la séance
18 octobre 2023
Déroulement de la séance
Quelques mois après leurs exploits, Men-Kheperat, Ese-Nofre et Ankhen-Quebsneuef sont informés du décès d'un certain Sabni, notable du Trésor et cousin éloigné de Nesamon. Conscients de la calamité qui frappe leur mécène - le destin lui a également pris son fils il y a peu - nos protagonistes se portent à sa résidence pour lui offrir leurs condoléances. Cette visite rappelle à Nesamon tant leur probité que leur efficacité, si bien qu'il sollicite à nouveau leur assistance. Il souhaite savoir pourquoi Sabni est mort, car il ne croit guère en la thèse d'un suicide. Selon les rumeurs, Sabni a été découvert gisant au pied du Temple d'Amon, dans une posture suggérant une chute mortelle depuis les murailles. Le personnel du temple a transporté sa dépouille dans une salle d'embaumement située au sein de l'édifice religieux. De son vivant, Sabni résidait en périphérie d'Ouaset, dans le quartier du Roseau, au sein d'une belle demeure. Voilà donc deux pistes à suivre pour notre groupe d'enquêteurs patentés !
Men-Kheperat profite de ses connexions à la Maison de Vie pour entrer au Temple d'Amon, et le hasard lui vaut de trouver exactement la bonne personne : un vieil ami peut lui obtenir une entrevue avec Djaou, l'embaumeur en charge de la dépouille de Sabni. Sur place, le doute s'instille rapidement lorsque Men-Kheperat découvre un bracelet au nom de "Didia" parmi les effets personnels du défunt. Le visage de Sabni étant horriblement défiguré, Men-Kheperat ne parvient pas à en apprendre plus. De son côté, Ankhen-Quebsneuef inspecte les lieux de la chute et ne constate ni sang, ni impact. Il remonte la trace de la découverte du corps, et s'entretient avec Hathor, cheffe d'un atelier, qui a trouvé Sabni il y a deux jours. Elle confirme ne pas se souvenir d'avoir vu du sang au sol - la victime a probablement été tuée ailleurs et déplacée ici pour des raisons encore inconnues. Ankhen-Quebsneuef et Men-Kheperat se retrouvent, croisent leurs informations, puis font marche en direction du quartier du Roseau, où Ese-Nofre les a précédé.
Au quartier du Roseau, Ese-Nofre trouve bien vite la propriété de Sabni. De vastes champs entourent une maison de bonne taille, de laquelle émerge une femme - Idout, la veuve de Sabni, alertée par sa fille Merneith qui jouait dehors. Lorsqu'elle apprend que le jeune orphelin a été envoyé par Nesamon en personne, Idout consent à le laisser entrer, lui confiant que son mari n'était plus lui-même depuis la mort de son frère, Kanefer, il y a deux ans. Ses supérieurs lui reprochaient son attitude laxiste au travail et tout semblait aller mal pour le notable - son suicide tragique n'est finalement qu'une étape de plus dans sa déchéance, emportant avec lui la dignité de sa famille. Le bureau de Sabni ne cache de rien qui soit suspect, mais Ese-Nofre remarque qu'une femme l'observe par la fenêtre alors qu'il mène la fouille. Il l'interpelle et apprend qu'elle se nomme Tadukhepa, intendante de la maisonnée dont l'accent trahit des origines lointaines. Elle se méfie manifestement des fouineurs, mais l'aisance naturelle d'Ese-Nofre la convainc de révéler quelques informations sur le défunt : Sabni semblait avoir de gros problèmes dont la nature lui échappe, et sortait souvent de nuit pour errer dans les champs de sa propriété - un point qu'Idout n'a pas mentionné, ravivant la suspicion chez l'orphelin. Lorsqu'il la confronte à ce sujet, elle nie lui avoir caché quoique ce soit et lorsque la conversation revient à Kanefer, elle lui montre sa chambre barricadée. En effet, Sabni en a bloqué l'accès à la mort de son frère, mais Ese-Nofre entend bien y pénétrer pour découvrir ce que cache cette pièce. Alors qu'il ôte délicatement le tesson de poterie décoré qui bloque la porte, Men-Kheperat et Ankhen-Quebsneuef atteignent la propriété et rejoignent leur comparse.
Telle une augure sinistre, une odeur de vase et de putréfaction s'échappe de la chambre descellée de Kanefer et se déverse dans le couloir. À l'intérieur, la vision qui frappe nos protagonistes instille un sentiment d'horreur blasphématoire dans leur cœur : au sol sont disposées les affaires du mort, dans une configuration symbolique étrange rappelant l’œil d'Horus. La planche instable qui obstrue la fenêtre laisse penser que quelqu'un pénétrait dans la salle depuis l'extérieur. Mais le plus sordide reste ces boules de terres boueuses disposées sur le lit du défunt, lesquelles recèlent de dépouilles d'animaux dont une partie semble avoir été "emboués vivants". Alors qu'ils sortent les boules dans les champs avoisinants afin de libérer la chambre de Kanefer de leur sinistre présence, nos protagonistes sont témoins des dernières velléités de survie d'un moineau qui se débat hors de la boue, avant de rendre l'âme. Ankhen-Quebsneuef y voit une sorte de rituel rappelant le travail du scarabée Kheper - le responsable a, sans doute, tenté d'offrir la renaissance à ces animaux.
Men-Kheperat, Ankhen-Quebsneuef et Ese-Nofre profitent de toutes ces révélations pour émettre des hypothèses. Ils pensent que Sabni est toujours en vie, et qu'il aurait échangé sa place avec "Didia" pendant qu'il tente de ressusciter son frère défunt. Si leur hypothèse est bonne, où Sabni se cache-t-il ? Et quel est le lien avec ce fameux Didia ? Si Tadukhepa prétend ne pas connaître de "Didia", Idout pense qu'il s'agit du nom de l'officier en charge des arpenteurs, venus mesurer la fertilité des champs de la propriété afin de fixer une taxe appropriée à leur production. Ils sont venus il y a un mois, et furent chassés par Sabni pour des raisons mystérieuses. D'autres parts, la tombe de Kanefer se trouve à une heure de marche vers le sud-est, dans le désert. Il se pourrait que Sabni s'y cache. Le groupe suit d'abord la piste de la tombe de Kanefer, tout en restant alerte si toutefois le notable se dissimule plutôt dans les marécages qui bordent sa propriété. Ceux-ci sont denses et vastes, si bien qu'ils dissuadent quiconque de s'y promener sans la plus urgente nécessité. À près d'une heure de marche, un amoncellement de tombes au pied d'une falaise accueille nos protagonistes, qui y découvrent la sépulture profanée de Kanefer. Quelqu'un s'est emparé de sa dépouille, en laissant des traces de boue suspectes sur place. Une discussion avec une vieille paysanne du crû révèle qu'elle aurait vu "un démon de la Duat" cette nuit, attiré par la chair des morts. Si Sabni a pris la dépouille de son frère durant la nuit, il compte probablement réaliser son rituel blasphématoire en soirée.
Après avoir barricadé la porte de la chambre de Kanefer, puis tenter en vain de localiser Sabni, le groupe choisit de retourner à Ouaset en fin de journée afin d'y interroger les proches de Didia. Son supérieur confirme que Didia ne donne plus de nouvelles depuis deux jours, alors qu'il devait procéder à des mesures sur un champs du quartier du Roseau. Cette nouvelle fait croire que l'arpenteur besogneux a pu en profiter pour retourner sur la résidence de Sabni, imprudemment, et qu'il y aurait trouvé la mort. Finalement, Maani et Djar, l'épouse et le frère de Didia, se montrent moins enclins à partager des informations. Djar, chef de la police du quartier, tente même d'intimider Ese-Nofre, en le suspectant d'en savoir plus qu'il n'en dit. Il lâche cependant que Didia arborait une cicatrice à la jambe gauche - Men-Kheperat s'en souvient et confirme ainsi que la dépouille de la maison d'embaumement n'est pas Sabni, mais bien le malheureux Didia. Ese-Nofre se libère de Djar avec son bagout naturel, et le groupe repart en direction du quartier du Roseau, accompagné de trois gardes du corps embauchés par Ankhen-Quebsneuef si d'aventure, la situation devait dégénérer.
Alors que Rê termine son voyage dans le ciel, nos protagonistes confrontent une dernière fois Tadukhepa au sujet de Sabni, l'accusant d'en savoir plus qu'elle veut bien l'admettre. Lorsqu'ils lui assurent vouloir aider Sabni et protéger son âme, elle consent finalement à avouer que son supérieur - et bienfaiteur, puisqu'il l'a sauvée à Meggido - avait découvert d'étranges ruines au sud de sa propriété, une sorte de canal menant au cœur du marais. Tadukhepa appelle ses subordonnés, Arwia et Baruti, et propose au groupe de les accompagner sur place. Le trajet à travers la vase et les insectes se veut éprouvant, mais il débouche sur une sorte de cuve naturelle de boue dont le contact apaise les égratignures. S'agirait-il de la fameuse substance employée par Sabni pour "ressusciter" ses victimes ? Dans tous les cas, le notable dément a précédé de peu le groupe et à quelques dizaines de mètres dans le bassin sinistre, il tente bel et bien d'offrir la momie de son frère à Osiris. Entravés par la boue, nos protagonistes ne parviennent pas à l'atteindre dans les temps, mais Ankhen-Quebsneuef demande à ses hommes de se jeter sur le notable. Ces rudes gaillards se saisissent de lui sans problème, mettant un terme au rituel hérétique. Malheureusement, le parterre végétal cède sous l'agitation, laissant place à un torrent de boue qui emporte les personnes présentes dans une salle souterraine oubliée par les siècles, dotée d'une simple stèle sur laquelle est représentée la plume de Mâat. Sur le mur, une carte représentant le Nil laisse entendre que d'autres salles similaires se trouvent peut-être à travers Kémi. Dans la panique, c'est encore une fois les gardes du corps d'Ankhen-Quebsneuef qui sauvent la donne, repêchant tant bien que mal tout le monde.
Épuisés, les survivants ne peuvent que contempler impuissants l'arrivée nocturne d'une dizaine de personnes, menées par une femme mystérieuse qu'on dirait venue du désert. Elle insiste lourdement sur la nécessité pour eux d'oublier tout ce qu'ils ont vu cette nuit sous le marécage, et elle les invite à quitter les lieux immédiatement pour retrouver leur vie ordinaire. Trop contents d'avoir survécu, tous acceptent cette suggestion teintée de menace comme une bénédiction. Ese-Nofre, Ankhen-Quebsneuef et Men-Kheperat décident de retourner à Ouaset avec Sabni, mais Tadukhepa et Arwia ne l'entendent pas de cette oreille. Démontrant tant leur aisance surprenante avec les armes que leur absence de scrupules, elles ne parviennent cependant pas à empêcher le groupe d'atteindre la capitale de Kémi, bien que les gardes du corps d'Ankhen-Quebsneuef en paient le prix fort. À Ouaset, lorsqu'il apprend le fin mot de l'histoire, Nesamon se montre encore plus affligé qu'auparavant - non seulement il va bel et bien perdre Sabni, mais celui-ci s'est déshonoré au-delà du concevable. Sans nul doute aurait-il préféré la thèse du suicide. Quoiqu'il en soit, nos protagonistes ont rempli leur part et ce faisant, ont découvert une facette insoupçonnée de Kémi qui ne demande qu'à révéler ses secrets…