Date de la séance
08 novembre 2020 (Roll20)
Personnages présents
- Togashi Asura, Moine Tatoué du Clan du Dragon
- Bayushi Shushui, Manipulateur du Clan du Scorpion
- Iuchi Shimitsu, Meishodo du Clan de la Licorne
- Hiruma Saya, Éclaireuse du Clan du Crabe
Déroulement
Au bout d'une poignée de jours après leur promotion, les jeunes magistrats sont convoqués par la Championne de Rubis pour recevoir leur première mission. Dans des termes très vagues, elle laisse supposer qu'il s'agit de retrouver un jeune samurai dans le Port de la Vague Lente (FR : Marée Douce), chef-lieu du Clan de la Tortue. Après s'être discrètement entretenus avec Doji Hiroka, un courtisan ami du père du disparu, il apparaît que ce dernier s'appelle Otomo Hiroshige et qu'il souffre d'une profonde addiction à l'opium. Il aurait rejoint le Port pour y vivre dans le vice, se faisant passer pour Doji Hiroshige, jusqu'à ne plus donner de nouvelle voilà deux semaines. Son père, Otomo Saneda, envoya bien un de ses serviteurs pour le rechercher, mais il semble avoir disparu. Il convient ainsi de retrouver Hiroshige en toute discrétion.

Deux jours plus tard, les PJ atteignent le port et se présentent au gouverneur, le distant Kasuga Mugatsu. S'il invite cordialement les magistrats à demeurer dans des appartements propres à côté de son "palais", il les met en garde de ne pas perturber le "fragile équilibre" du port. En effet, les Gaijin s'y promènent librement, vendant leurs marchandises illicites sans que quiconque ne sourcille. Le choc culturel est garanti. Shushui et Saya (Kurama & Kuone) se déguisent en Ronin pour enquêter plus facilement dans les lieux malfamés, là où Shimitsu et Asura décident d'être le versant "représentants officiels de l'ordre" de l'équipe. Leur manigance fonctionne : les deux faux Ronin s'infiltrent discrètement dans l'Auberge des Nombreux Chemins - dernier lieu de villégiature de Hiroshige - suivis de peu des magistrats. Ceux-ci obtiennent des informations de la part de Chiyu, la tenancière initialement fort méfiante, mais l'essentiel tombe entre les mains des faux Ronin qui l'interrogent au départ de leurs collègues : Hiroshige a bien séjourné ici pendant des mois, payant ses loyers en retard. Il recevait de l'argent de sa famille, mais aussi de deux usuriers, Doro et Kizo, qui n'ont pas manqué d'envoyer des agents à l'auberge depuis sa disparition. Elle remet au groupe les affaires personnelles de Hiroshige - des vêtements, des parchemins Sumi-e produits par un de ses amis, mais rien de vraiment personnel. Parmi les gens qui sont venus chercher Hiroshige, outre le serviteur du père et les agents des prêteurs sur gage, Amano - l'auteur des Sumi-e - est passé une demi-douzaine de fois depuis la disparition, mais plus depuis quelques jours. Finalement, il semblerait que Hiroshige s'était lié d'amitié avec un Scorpion au masque de chat, et un Samurai du clan de la Tortue du nom de Toru.

Au sortir de l'auberge, Asura et Shimitsu sont accostés par Kasuga Mikoto, la magistrate en charge de la ville, qui les enjoint à ne pas trop bousculer les gens du crû. Entre les lignes, on peut lire qu'elle considère leur intervention à l'auberge comme bien trop directe pour sa ville. Suite à cette rencontre passablement tendue, les deux samurai se rendent chez Kizo, qui leur sert une soupe d'euphémismes et de mièvreries particulièrement salée : il se fait passer pour un humble vendeur de sumi-e, qui prête effectivement des sommes "à la communauté" par pure bonté d'âme. Il admet qu'Hiroshige lui devait l'impression ardoise de 15 koku, avant que le nobliau désargenté ne se tourne vers Doro, "un mauvais homme" qui pratique des taux d'intérêt bien trop élevés. Il mentionne également Yaguro et Hana, deux "mauvaises personnes" qui dirigent des fumeries d'opium dans la ville, lieux de perdition où Hiroshige était connu pour se perdre. Une fois cet échange adipeux terminé, les deux magistrats visitent Doro le prêteur sur gages, dans la Croupière, et apprennent de lui qu'Hiroshige avait contracté une dette de 5 koku. Il confirme, dans les grandes lignes, le discours de Kizo.
De leur côté, Shishu et Saya vont incognito à l'établissement du Chat Attentif, une maison de jeu fréquentée par Hiroshige. Ils y jouent une petite heure puis, bredouilles, provoquent une discussion au sujet du jeune disparu et de ses amis. Des samurai du Clan de la Tortue leur annoncent qu'Hiroshige et son ami, Toru, ont été tous les deux virés de force de l'établissement. Le premier ne pouvait plus payer ses dettes et le second avait, en plus, agressé un client. Les autres informations glanées auprès des samurai de la Tortue recoupent, elles aussi, celles obtenues auprès des deux usuriers : Hiroshige était désargenté, accroc à l'opium, et passait le plus clair de son temps au Rêve Doré ou au Repos Vert, les deux fumeries les plus importantes de la ville. Ils entendent parler d'autres disparitions de samurai, qui auraient eu lieu dans un laps de temps trop court pour n'être que des coïncidences.
En soirée, les magistrats se retrouvent dans leurs appartements et échangent leurs informations. Ils conviennent de visiter la magistrate et le samurai du Clan du Scorpion, qui ne se cache pas particulièrement.
Bayushi Naizu est un samurai d'âge mûr, désenchanté par sa vie. Lorsque Shisui lui montre le mon de son Daisho, indiquant son appartenance au Clan malgré son déguisement, Naizu l'instruit de sa condition : étant un junshin, il a été placardisé par le Clan pour son refus de mettre son honneur de côté lorsque le Devoir le demande. Depuis, l'homme coule une vie pauvre et sans histoire dans ce trou. Il connaît Hiroshige, qui est venu lui demander du soutien financier car il pensait que tous les Scorpions disposent de caches secrètes quasi-inépuisables. À défaut d'avoir pu le dépanner, Naizu l'a mis en garde contre Kizo, qu'il sait être un usurier sans scrupules avec qui il vaut mieux éviter de frayer. Son conseil ne fut pas suivi. Outre Kizo, Naizu indique également que Hana et Yaguro sont les principaux chefs de la pègre en ville, et qu'ils ont des liens étroits avec les deux contrebandiers les plus importants du port : Azif le Gaijin et Kasuga Yumiko. Au-delà des biens de contrebande "courants", Azif écoulerait du poivre Gaijin et de la drogue, en plus d'embarquer dans son navire des Rokugani au bout du rouleau, trop endettés pour pouvoir vivre - dit autrement, du trafic d'esclaves rokugani. Quant à Yumiko, l'ambitieuse contrebandière du Clan de la Tortue, son créneau "spécial" porte sur des biens volés par des pirates, qu'elle recèle en abondance dans le port.
La magistrate, quant à elle, confirme les cas de disparition : en plus de Doji Hiroshige, il y a deux semaines, Kagusa Michiko, Kagusa Toru et le Ronin Fubato sont également portés disparus. En sus, une samurai du Clan du Crabe a été retrouvée assassinée : des paysans ont retrouvé la dépouille de Yazuki Suzaku dans une allée, il y a deux semaines, et les burakumin proche de la ville pourront leur en apprendre plus. Malgré ses réticences, la magistrate semble de relative bonne foi, sincèrement inquiète que l'arrivée de quatre magistrats d'émeraude ne déstabilise un équilibre précaire au sein de la ville.
Burakumin, Eta et Hinin : les "Hinin" forment la strate la plus basse de la population Rokugani, qui comprend les gens du voyage, artistes itinérants, prostituées et d'autres professions "sales". Le terme peut être traduit par "non-peuple" ou "non-humain". Les "Eta", ou "pleins de souillure", forment une classe héréditaire similaire à celle des Intouchables en Inde. L'on considère comme profondément impur de toucher au sang et à la mort, et cette impureté s'inscrit profondément dans les malheureux qui s'y frottent. La nouvelle édition de L5A comporte un encart précisant qu'en japonais, le terme "Eta" est profondément discriminatoire, et propose plutôt d'employer le terme plus neutre de "Burakumin" - "personne de la communauté" - pour désigner ces communautés discriminées. La barrière entre "Burakumin" et "Hinin" est poreuse - les termes sont parfois interchangeables - et par convention, nous utiliserons plutôt "Burakumin" pour désigner les personnes dont les professions ont trait à la mort, et "Hinin" pour celles dans les professions "répandent le vice".
