Personnages présents
- Radaghast, guérisseur savant ;
- Lester Marcie, ménéstrel et chroniqueur ;
- Velox, chasseur guerrier.
Date de la séance
01.02.2021
Déroulement de la séance

Nous continuons notre route vers Rubivale, en suivant une route de traverse à travers la neige. Soudain, nous percevons des bruits de combat, et nous nous empressons sur place. Là, un chevalier mûr se tient devant quatre dépouilles fraîchement fauchées, autour desquelles sont dispersées des tombes : deux d'entre elles semblent bien entretenues, alors que les autres sont plutôt sommaires. Face à son air de défiance, nous l'assurons de nos bons sentiments, en échange de quoi l'homme nous tend des pelles pour l'aider à creuser des tombes pour les brigands qu'il a abattu.
Strophes de 4 vers, 6-8-10-12 syllabes
Que tombe la neige | Ou d'infâmes brigands;
Nul ne courbe ni ne piège | Ce chevalier mûr et puissant !
Il vit sa charge et son privilège | Constant, il respectera son serment.
Car ici, ce sanctuaire est le siège | Des dragons des saisons, las, à jamais dormants.
Son âge avancé | Lui laisse des regrets.
Le temps qui passe a ôté | Femme, fille, tous ses projets !
La relation à son gendre gâtée | Le remue beaucoup plus qu'un tantinet.
Il a aussi perdu un nourrisson sacré | À Orielle, petite-fille, il tenait !
Aussi, nous acceptons | Nos cœurs à l'unisson.
Nous n'envisageons d'abandon | Son gendre, nous retrouverons !
Il est parti à un jour de marche | Dans une ville en patriarche.
Cette fois, rien n'obstrue notre démarche | Aussitôt de Bacot, nous atteignons l'arche.
L'une des deux tombes affiche le nom de Luteliane, alors que l'autre est indéchiffrable. Le chevalier lui-même se présente sous le nom de Linus Losian. Sa funeste besogne finie, le chevalier nous invite à passer la nuit chez lui par hospitalité : il salue les tombes, que je suspecte appartenir à sa famille, avant de nous mener à sa cabane. Son domicile est spartiate et sa corpulence sèche nous laisse perplexes. Le chevalier Losian vivait autrefois à Bacot, avant de devenir "gardien". Alors que j'amène la Castafiore dans le grand réduit accolé à la cabane, j'aperçois un berceau peu utilisé. Le chevalier Losian déclare que la volonté de "ce qu'il garde" désignera son successeur en temps et en heure. Nous tentons d'en apprendre plus sur cette "volonté", mais il répond simplement que les résidents du cimetière sont des Ryujin décédés, et que la volonté qui le guide surveille sa tâche.
Le chevalier Losian nous présente une requête, si nous passons à Bacot : il souhaite que nous présentions des excuses de sa part à un certain Vacahin Trosen. L'homme nous raconte son histoire : il y a bien des années, après qu'il ait accepté la tâche de garder le sanctuaire, il rencontra Elyn, sa future femme. Ils se marièrent, conçurent une fille - la fameuse Luteliane - et Elyn, de faible constitution, mourut durant un hiver difficile. À son tour, Luteliane tomba amoureuse et s'unit à Vacahin, un ébéniste. Tous deux mirent au monde Orielle. Lorsque Luteliane mourut elle aussi, Vacahin et Linus se disputèrent : le remord le ronge depuis. Nous passons une nuit dans sa cabane, puis nous préparons pour notre voyage. Le trajet se passe bien (oh!) et nous arrivons à Bacot en fin de journée.
La ville est de taille conséquente (5000 personnes), un carrefour marchand tant fluvial que routier. Nous nous installons à l'Auberge de la Bonne Fourchette, tenue par Maître Egger. Nous apprenons également qu'un certain Vacahin Trosen tenait un atelier au nord de la ville, mais il est décédé d'un accident de travail il y a plus de six mois. Nous passons une nuit sur place, et le matin nous gratifie d'une ambiance électrique : la ville est vivante, pour notre plus grand plaisir. Nous trouvons sans mal l'atelier - une maison de deux étages, abandonnée. Un escalier monte au premier étage. L'accident a eu lieu au rez, un meuble s'est décroché. Les sangles qui le retenaient montrent cependant des signes de sabotage. Sur un échafaudage, nous trouvons un morceau de tissu marqué d'une couronne brisée et recouverte de sang : nous pensons à une guilde locale.
Strophes de 4 vers, Alexandrins
Non, Vacahin Trosen ! | Voilà six mois qu'il gît !
Il était si jeune | Mais quel mal lui a pris ?
L'accident, paraît-il, | survint à l'atelier.
D'un meuble fragile | Il finit écrasé.
Or notre enquête | crie "au sabotage" !
La sangle fut prête, | D'un simp' aconage,
À sombrer prestement | Sur cet ébéniste.
Le tueur, sûrement, | a laissé une piste.
Nous trouvons du tissu | Brodé d'une couronne.
Elle est si mal fichue | Elle saigne comme personne.
Les voisins du défunt | Pointent les libr' acteurs.
Des malfrats importuns | Qui ne nous font pas peur.
Nous les trouvons sans mal | Picolant près du fleuve.
Vélox sort l'arsenal | D'inspirer une peur neuve.
Mais c'est l'hilarité | Qui saisit l'assemblée ;
Quand sa large épée | Bloque sur un rocher.
À l'étage, trois pièces : deux chambres et une pièce à vivre. Le registre des clients est poussiéreux. Sans surprise, une chambre semble appartenir à un homme, l'autre à une (jeune) femme. Nous trouvons une peinture représentant un Linus plus jeune, ainsi qu'un couple. Nous émettons des suppositions sur qui aurait pu vouloir la mort de Vacahin, mais jusqu'ici, nous ne pouvons qu'émettre de larges hypothèses. Nous enquêtons auprès du voisinage : un tonnelier et un boulanger officient autour de la maison de la victime. Maître Draffin, le tonnelier, nous raconte son histoire. Apparemment, il aurait entendu le vacarme, le cri de sa fille "Onodie", il la voit partir en courant alors qu'il appelle les gardes. Lorsque le Draffin voit le symbole du tissu arraché, il crache au sol. Il les appelle les "libres acteurs", des vauriens raquetteurs qui traînent près des entrepôts près du fleuve. Leur chef, "Wine", essaie de se faire passer pour un gros dur. Nous interrogeons également le boulanger, qui confirme cette histoire.
Les entrepôts furent construits proches du fleuve, mais une crue força leur abandon. Nous détectons une dizaine de jeunes gens légèrement avinés. Au fond de la "salle", nous observons un siège ostentatoire, sur lequel trône un mécréant, avec duquel se trouve une jeune femme qui ressemble beaucoup à sa mère : nous comprenons bien sûr qu'il s'agit d'"Onodie", la fille de Luteliane. Elle n'a pas l'air absolument ravie d'être là. Nous optons pour l'intimidation. Vélox mène la danse, leur demandant ce qu'ils faisaient dans l'atelier de Vacahin il y a six mois. Malheureusement, il se bourde lamentablement, provoquant l'hilarité de l'assemblée. Pour montrer qu'il ne rigole pas, Vélox plante une flèche à proximité d'un malfrat. Lorsque Wine demande des explications, Vélox crache le morceau, provoquant la colère d'Onodie. Il tente de nier, Onodie nous demande des explications, nous les lui donnons. La conversation s'envenime, des hostilités s'entament. Wine blesse Onodie et l'assomme et le combat s'engage plutôt mal pour nous, bien que notre expérience du combat nous permette de reprendre le dessus. Radaghast achève l'infâme Wine d'une flèche bien ajustée.
Strophes de 4 vers, Alexandrins
Cessons de rigoler | L'affaire est triste.
Un meurtre fut perpétré | Par cet égoïste !
Il porte un nom vain | Ce si piètre chef.
Voilà bien un vilain | Coupable de grief.
Onodie ignore | Jusqu'à son nom réel !
Son grand-père l'adore | Mais serait-il fier d'elle ?
Elle se retourne là | Contre le coupable,
Du décès d'un papa | pour elle adorable.
La brute la blesse | Nous lançons la danse.
Mais dans leur bassesse | Les autres nous devancent.
Nous souffrons quelque peu | Jusqu'au tour décisif,
Qui, de ces cinq pouilleux, | Détruit l'esprit nocif.
Radaghast porte | un vif coup de grâce.
D'une flèche forte | Il balaie menace.
Nous soignons Orielle | Elle nous suit jusque là ;
Où mène le ciel | Là-bas, vers un effroi.
Car nous nous en doutions | Linus s'en est allé.
Sans une absolution | Il s'y est préparé.
Le chagrin nous gagne, | D'autant que sa plume ;
Rédigea d'un' poigne | sa lettre posthume.
Onodie n'est qu'évanouie. Nous la ramenons à l'auberge, puis vendons les armes récupérées sur les dépouilles des vauriens. Onodie ne sait rien de ses origines : nous lui apprenons la vérité. Elle nous suit jusqu'au sanctuaire de son grand-père, où nulle stèle n'orne les nouvelles tombes creusées il y a deux jours. Nous craignons le pire, et le pire ne nous déçoit pas : Linus est étendu dans un linceul blanc, décédé, disposé cérémonieusement. Il a laissé une lettre à sa petite-fille, à défaut de pouvoir lui parler de son vivant. Alors qu'Orielle s'effondre, je récupère la lettre.

Strophes de 4 vers, Alexandrins
Il couche ses secrets, | Histoires et regrets.
Et au dernier instant, | Espère dignement,
Qu'Oriel' le mène | Aux tombes anciennes ;
Où l'esprit au repos | passera le flambeau.
Nous les accompagnons | Voyageurs anonymes.
Bénis d'être cautions | D'un tel pantomime.
Nous voilà hors du temps | Passés les quat' saisons.
Où notre ami gisant | Rejoint le panthéon.
Aestrild la blanche | Offre à Orielle ;
Sans qu'elle ne flanche | La charge paternelle.
Nos encouragements | rassurent, convainquent !
La voilà posément | Dev'nue angélique !
Orielle adoubée | Nous, plus qu'observateurs ;
Finissons bouche-bée | De voir, dans la stupeur ;
La nouvelle stèle | Surgie de nulle part.
Linus repose, fidèle, | Après son grand départ.
Notre jeune amie | Gardera les défunts.
Puisse-t-elle aussi | Apprécier son destin.
Car la solitude | guette son esprit.
Mais par gratitude, | nous briserons l'ennui.
Nous passons une nuit difficile. Au matin, Orielle sort de la chambre, fatiguée mais déterminée, et déclare vouloir réaliser les dernières volontés de Linus. Nous improvisons un brancard pour transporter Linus jusqu'au sanctuaire, devant l'incongrue porte de pierre. La porte s'ouvre par une fissure lumineuse, libérant des brumes qui mènent à un au-delà singulier, un lieu de sépulture pour les Ryujin*. Nous traversons les quatre saisons à travers la brume et, au bout d'un kilomètre, nous arrivons devant une porte en fer forgé, ouvrant vers une enceinte hors du temps, où une Ryujin blanche murmure à l'oreille du défunt "Merci brave gardien, puisses-tu reposer en paix". La dépouille disparaît en poudre lumineuse. La Ryujin se nomme "Aestrild", et propose à Orielle de recevoir la charge de son grand-père. Sous nos encouragements, Orielle accepte. Aestrild prend sa forme draconique, nous renvoie du sanctuaire et lorsque nous reprenons connaissance, nous nous retrouvons au pied de l’arche solitaire. Devant nous se tient Orielle, en armure de chevalier resplendissante. Ses cheveux châtains sont devenus blanc argent. Une mèche de nos cheveux a été blanchie par la vision du Dragon : un présent de la mystérieuse Aestrild. Nous suivons Orielle jusqu'aux deux pierres tombales, pour constater qu'une troisième les a rejoint : celle de son grand-père Linus. Nous raccompagnons Orielle jusqu'à la cabane pour lui proposer du chocolat chaud.

Aestrild, Ryujin
- "Homme-Dragon", ça sonne un peu macho. "Humain-Dragon", ça sonne mal. J'utilise donc le terme d'origine de Ryuutama, tel que conservé dans la version anglaise : Ryujin (龍神 : Ryu = Dragon, Jin = Esprit / Divinité).